Constellation

Adrien Bosc

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    17 septembre 2014

    L'avion des stars

    Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1949, le Constellation F-BAZN, le nouvel avion d’Air France, se crashe dans les Açores, sans raison apparente. Il n’y aura aucun survivant malgré les premières rumeurs. Pas même le héros national et prince du ring Marcel Cerdan. C’est à cette catastrophe aérienne qu’Adrien Bosc a décidé de consacrer " Constellation ", son premier roman. Sans chronologie fastidieuse, ni abondance de détails techniques. Avec délicatesse et bienveillance. Car c’est bien à l’humain que s’intéresse Adrien Bosc. Aux quarante-huit passagers de ce vol Paris-New York et à leurs projets outre- atlantique abîmés sur le Mont Redondo.

    « L’avion des stars », voilà comment est surnommé le Constellation. Bien sûr, il y a l’histoire de Marcel Cerdan. « Prends l’avion, le bateau c’est trop long ! » le supplie Edith Piaf qui se trouve à New York et se languit de lui. Le boxeur part avec quelques jours d’avance, expulse même trois passagers pour avoir une place dans l’avion. Il voudrait arriver à New York le 28 octobre au matin et passer la journée avec sa bien aimée. Ginette Neveu, la violoniste prodige, est aussi à bord, ainsi que Bernard Boutet de Monvel, aristocrate désabusé et peintre talentueux. Adrien Bosc ne se cantonne pas aux célébrités. Il raconte aussi l’histoire des autres passagers, et constitue ainsi une mosaïque de personnages aussi éclectiques qu’intéressants. Dans les « anonymes », il y a les bergers basques et la petite bobineuse de Mulhouse, le créateur des produits dérivés Walt Disney, le mari malheureux qui joue sa dernière carte et rentre à New York reconquérir sa femme. Adrien Bosc rend à ces malheureux leur existence et leur relief. Il reconstitue des petits morceaux de vie tombés dans l’oubli, happés par le crash.

    Mais la vraie vedette du roman ce n’est pas Marcel Cerdan ni Ginette Neveu. Ni le Constellation. C’est le hasard. Au-delà de l’anecdote, du passé des passagers, de la façon dont a été gérée la catastrophe, la musique du hasard revient par touches tout au long du roman, comme un timide refrain. Pourquoi cet avion, dirigé par un bon pilote, volant par une météo clémente, s’est-il fracassé contre un pic dans les Açores ? La probabilité était quasi nulle. Ne serait-ce qu’une accumulation de simples coïncidences ? Mourir dans un crash était-il le destin de ces passagers ? Adrien Bosc répond à ces questions en les ramenant à sa propre expérience, à ses propres interrogations.

    Un roman sobre et original, étonnant et intrigant. Un roman à lire.

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