Des blondes pour Hollywood
EAN13
9791023904888
Éditeur
Capricci Editions
Date de publication
Collection
La Première collection
Langue
français
Langue d'origine
français
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Des blondes pour Hollywood

Capricci Editions

La Première collection

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Présentation du livre par Adrien Gombeaud « À ceux qui m’abordent dans la rue,
je réponds parfois que je suis Mamie Van Doren ou Sheree North. » Marilyn
Monroe, 1955 Dans la nuit du 3 août 1962, Marilyn Monroe meurt seule dans sa
villa de Brentwood. Selon la légende, le lendemain matin, on aurait entendu le
big boss Harry Cohn hurler dans les couloirs de la Columbia : « Trouvez-moi
une autre blonde ! » En réalité, bien avant la mort de la star, Hollywood se
cherchait déjà une autre blonde… Marilyn Monroe avait débuté dans un troisième
rôle aux côtés de Groucho Marx et posé dans le premier numéro de Playboy,
avant d’escalader une à une les marches de la Twentieth Century Fox. À mi-
parcours des années 1950, adorée dans le monde entier, elle était devenue
indispensable au studio. L’actrice était aussi prodigieuse à l’écran
qu’indisciplinée à la ville. Rarement à l’heure, épuisée par les insomnies et
les médicaments, Marilyn refusait désormais les rôles qu’elle jugeait trop
stéréotypés. Excédée par son statut de star esclave, elle avait même brisé
unilatéralement les chaînes de son contrat pour fonder sa propre société de
production à New York en 1955. C’est à cette époque que germe ce fantasme de
producteur : inventer une nouvelle Marilyn. Tel le docteur Frankenstein,
façonner dans le laboratoire d’Hollywood une créature en tout point similaire,
aussi drôle et sexy que l’originale, mais plus malléable, ponctuelle et
docile. Tout Hollywood s’active à faire sortir, comme un nouveau modèle de
Ford, « une autre blonde » de l’usine à stars. La Fox dégote la spectaculaire
Jayne Mansfield et lui redonne la robe dorée des Hommes préfèrent les blondes
tandis que Sheree North, autre prétendante, hérite de la robe rouge rubis du
même film. Chez Universal, on fait porter le corset de Rivière sans retour à
Corinne Calvet, et deux autres corsages moulants iront à Mamie Van Doren. La
Columbia mise sur une certaine Cleo Moore qui passe ses journées à apprendre à
rouler des hanches comme Marilyn. D’autres se bousculent à la MGM ou chez RKO.
Elles s’appellent Barbara Lang, Joi Lansing ou Diana Dors… Des noms souvent
inventés, des carrières, des vies parfois, passées dans l’ombre de Marilyn.
Leurs films, pour la plupart des séries B ou Z, nous parlent d’un autre
Hollywood. De ces productions tournées à la chaîne, vouées à une consommation
immédiate et à l’oubli. De l’émergence de la télé aussi. Ces destins, perdus
pour la plupart dans l’histoire du cinéma, nous racontent une conception
industrielle de la création aux derniers feux de l’âge d’or des studios, une
volonté de contrôle absolu qui devait se fissurer au cours des années 1960 et
disparaître complétement dans la décennie suivante avec le « Nouvel Hollywood
». Marilyn ressemble à Venise : tous les pays, ou presque, en ont construit
leur version. Il y eut Rosalina Neri, la « Marilyn de Cineccità », Madhubala,
la « Marilyn de Bollywood », Hind Rostom, la « Marilyn du Caire » ou encore
Cherie Chung la « Marilyn de Hong Kong »… Mais les Marilyn anglo-saxonnes
racontent plus que de simples ressemblances. Elles sont nées de la folie du
système des studios, d’une usine qui voit les comédiens, et particulièrement
les comédiennes, comme des denrées, productibles et reproductibles à la
chaîne. Le mot low-cost n’existait pas encore, déjà la Californie fabriquait
des stars à bas prix. Elles ont été les sacrifiées de cet immense atelier
d’images et de rêve. Pour la plupart, ces blondes ont traversé de longues
nuits en compagnie de tubes de somnifères, beaucoup ne se sont jamais
réveillées au matin des sixties. Ces destins écrivent ainsi la violence de ce
monde et de cette économie. Si ces actrices ont toutes pour point commun
Marilyn, chacune réclamait le droit élémentaire de vivre sa propre vie. Puisse
les strass et les larmes nous rappeler cette évidence : sur cette Terre, nul
n’est duplicable. Journaliste et écrivain, Adrien Gombeaud est critique de
cinéma au quotidien Les Échos et membre du comité de rédaction de la revue
Positif. Il a également collaboré au Figaro Magazine, à Elle et Vanity Fair.
Il est l’auteur d’une dizaine de récits et essais dont L’Homme de la place
Tiananmen (Seuil, 2009) et Dans les pas du Petit Timonier (Seuil, 2013) sur la
Chine des années 1980 et 1990, Une blonde à Manhattan (10/18, 2012) sur les
années new-yorkaises de Marilyn Monroe ou encore 30 secondes en Arizona
(Espaces et Signes, 2017) sur la ville de Tombestone et le massacre de O.K.
Corral. Il a aussi scénarisé la bande-dessinée Tiananmen 1989 : nos espoirs
brisés (Seuil-Delcourt, 2019). Chez Capricci, il a publié en 2019 Bruce Lee,
un gladiateur chinois.
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