François-Régis SIRJACQ (Libraire)

16 août 2016

Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés

Mazie Philipps est un personnage haut en couleur. Elle tient la billetterie du Vénice, cinéma de quartier New- Yorkais du Bowery dans le sud de Manhattan dont la population est très hétéroclite, diseuse de bonnes aventures, ouvriers, mafieux. Nous sommes en plein âge d’or du jazz, la consommation d’alcool, malgré la prohibition est conséquente….bref c’est la fête et Mazie la vit pleinement, notamment avec le capitaine, son amant. Mais sa vie va basculer avec l’arrivée de la grande dépression. Mazie, fidèle à elle-même va activement aider les sans- abris et les plus démunis en ouvrant les portes du Venice à ceux qui sont dans le besoin. Elle devient alors une personnalité New-Yorkaise.
Très beau roman à travers des personnages émouvants.

16 août 2016

Lucie ou la vocation

Lucie, étudiante en Khâgne, vit difficilement son année universitaire (stress, travail intensif, ambiance…). Lors d’un séjour à Taizé, elle est emballée et au retour avoue à sa meilleure amie Juliette « ma vie a pris un sens ». Elle choisit donc sa voie et rentre dans les ordres et ce malgré l’incompréhension et la colère de ses parents, de sa meilleure amie Juliette. Dans son nouveau quotidien au couvent, elle va vivre des moments terribles faits d’humiliations et de renoncements. Dans ce monde aux règles difficiles à comprendre, elle va découvrir un secret qui va l’ébranler.
Un livre poignant, alternant la description de la vie quotidienne dans ce monde cloîtré ou tout est sacrifice, et le témoignage extérieur de Juliette.

19,00
19 mars 2016

Antoine, 25 ans est employé de librairie en Bretagne. Il se passionne pour son boulot et partage avec Jacques ses lectures. En dehors de son travail, il partage de nombreux moments avec Chlöe, monitrice de voile.
Un matin, au café, il apprend la mort de Jean François Laborde, personnalité politique célèbre, ancien maire de M. ancien ministre délégué. Cette nouvelle aurait pu être banale si Antoine n’avait pas passé toute sa jeunesse à M. A partir de ce moment, il va se remémorer ce passé ou Laborde, maire de M. devint l’amant de sa mère, pourtant décrite au début comme une femme à la vie rangée, classique de mère au foyer (on apprendra au fur et à mesure du livre qu’il faut toujours se méfier des apparences). Ce passé qui lui a vu assister à un drame le jour où Laborde et sa mère Cécile Brunet furent accusés de viols et abus sexuels. Et pourtant Antoine avait tout fait pour enterrer ce passé en fuyant M. en compagnie de Laetitia, fille de Laborde. La mort de celui-ci lui fait se replonger dans ce passé trouble, revivre le vécu du scandale, revoir son petit frère Camille craquer et fuir la maison familiale.
Ce nouveau roman d’Olivier Adam est une analyse profonde des vérités sociales actuelles et de ses conséquences sur les vies individuelles de la petite et moyenne bourgeoisie ou faux semblants et apparences ont la part belle. Dans ce nouveau roman, on retrouve l’écrivain celui de « Je vais bien, ne t'en fais pas...» et de « Falaises ».

19 mars 2016

Au début des années 2000, Lorca Horowitz, prétendument dactylo, se fait engager par l'un des plus grands cabinets d'architectes espagnols. Devenue secrétaire particulière des Pereales, celle décrite par la presse comme une jeune femme grassouillette et mal dans sa peau va peu à peu se métamorphoser, jusqu’à s’identifier à ROCIO, l’épouse. Puis elle va détourner l’argent du compte en banque de Monsieur. Et pourtant, lorsqu’ils ont engagé Lorca, elle paraissait tellement insignifiante qu’ils ne pouvaient douter qu’elle allait les mener à l’enfer, lui, elle et leurs 3 enfants blonds.

Quelle blessure Lorca Horowitz cache- t-elle? Quelle enfant a-t-elle été? Quel drame cherche-t-elle à réparer. Au fur et à mesure de l’enquête menée par Anne Plantagenet, on apprendra qu’elle a aimé un homme, qu’elle a été broyé par la passion amoureuse. Ainsi, et tandis qu'Anne Plantagenet enquête sur Lorca Horowitz, c'est en réalité elle-même qu'elle va trouver. Ce glissement d'une voix à une autre, d'une identité à une autre fait la force de ce roman ainsi que son caractère hypnotisant. Bientôt le lecteur, troublé, ne sait plus qui parle de l'auteur ou de son personnage. On se laisse happer par le destin de Lorca (ou de l’auteur). Pourquoi ses blessures, son passé la poussent à détruire les Pereales ? C’est tout le sujet de ce roman très addictif qui nous transporte dans la comédie des apparences.

19 mars 2016

Du grand art...

Jean Bruno Wladimir François de Paule Lefèvre d’Ormesson, éternel jeune homme de 90 ans tente d’ouvrir, courageusement, son propre procès. Il comparaît donc devant un procureur coriace qui n’est autre que lui-même. Son livre n’est donc pas un livre de mémoires mais le compte rendu minute par minute de son procès. Le procédé donne un résultat alerte, très drôle et plein d’esprit.
Faisant défiler un passé évanoui, Jean d’Ormesson va de l’âge d’or d’un classicisme qui règne sur l’Europe à l’effondrement de ce monde d’hier. Partant de Colbert, Bossuet, Racine, il nous emmène jusqu’à Raymond Aron, Aragon, Paul Morand, François Mitterrand et tant d’autres. Il nous entraîne dans son passé en se livrant à un inventaire passionnant autour des écrivains qui l’ont influencé (Chateaubriand) ou qu’il a fréquenté. Les aventures d’un écrivain qui a aimé le bonheur et le plaisir en dépit de tant de malheurs, cédant peu à peu la place à un regard plus grave sur le drame qui ne cesse de se jouer entre le temps et l’éternité, sur la disparition des amis et des traditions, l’évolution de la langue, le vertige devant le fait, l’inéluctable.
La lecture est parfois haletante, les procédés littéraires nous entrainant à lire ce livre jusqu’à la dernière ligne. Du grand art, un très beau livre.