Thierry L.

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Conseillé par (Libraire)
27 avril 2024

Deux époques, les dernières années du XIXe siècle et les années 1950-60, deux univers, l’Orient et l’Occident, deux poétesses revendiquant leur liberté : Marie de Hérédia la française, Forough Farrokhzad l’iranienne.

C’est grâce au traducteur en iranien de Pierre Loüys, Cyrus dit « La Tortue », que Forough découvre la vie et l’œuvre de Marie, fille de l’écrivain José-Maria de Heredia et amant de Pierre Loüys.

Ce qui est passionnant dans ce livre, c’est la complicité que l’on ressent entre l’autrice et les deux femmes qui ont inspiré son roman. Il est vrai que, de par son histoire personnelle, Abnousse Shalmani a sans doute un peu de Forough et un peu de Marie. Née iranienne deux ans avant la prise du pouvoir par les ayatollahs, naturalisée française en 2009, elle vit en France depuis l’âge de huit ans, et avoue elle-même avoir redécouvert sa patrie d’origine grâce à la langue française.

Mais par-delà les époques, par-delà les cultures, Marie comme Forough incarnent, sous la plume d’Abnousse Shalmani, la liberté, l’indépendance, et l’égalité homme-femme. C’est-à-dire une certaine vision du féminisme qui exclut toute forme de victimisation de la femme, toute forme de puritanisme ou de retour à une morale surannée, qu’on a pu ressentir ces dernières années à travers un mouvement de pensée s’apparentant à un féminisme radical, voire intégriste, auquel s’oppose l’autrice.

Le Livre de poche

8,70
Conseillé par (Libraire)
1 avril 2024

Des thèmes récurrents habitent l’œuvre de Sorj Chalandon : l’importance de la mémoire, la haine de la violence et de l’injustice, l’image du père. Jusqu’à ce livre autobiographique, c’était sous forme de fictions que l’auteur abordait ses sujets de prédilection.

Et pourtant, les précédents romans semblent annoncer, chacun à leur manière, ce livre-là, ce livre si intime, si douloureux, si poignant… Ce livre qui n’aurait pu exister sans la lecture des archives auquel l’auteur a eu accès en 1987 concernant la vie chaotique de son père pendant la guerre. Ce livre qui semble apporter un éclairage nouveau aux romans qui l’ont précédé, comme si toute l’œuvre de l’écrivain avait toujours été habitée par le mystère de ce père imprévisible, insaisissable, menteur, affabulateur, dont l’apparente fierté masque, en fait, une totale absence d’amour-propre.

En situant l’action dans le cadre du procès de Klaus Barbie, Sorj Chalandon semble s’évertuer désespérément à réveiller chez son père un semblant de conscience morale face à ce criminel nazi, qui ne renie rien de son passé et qui apparaît comme l’incarnation du mal. Peine perdue. Il ne se passera rien. Aucun déclic. L’écrivain restera à jamais… un enfant de salaud.

Conseillé par (Libraire)
1 avril 2024

Le tome 2 (« D’audace et de liberté ») de cette trilogie historique s’achevait sur les premiers soubresauts que le gouvernement français, refusant le terme de guerre, allait bientôt désigner sous le vocable « événements d’Algérie ». L’auteur choisit de ne pas relater les débuts de cette guerre d’indépendance, tragique et meurtrière : ce troisième tome débute en mars 1962, une semaine après la signature des accords d’Evian.

Le fils d’Adam Aït Amar, qui se prénomme aussi Adam, est devenu avocat et vient de s’inscrire au barreau d’Alger, ville où il a retrouvé son père. Les deux hommes sont plongés dans la tourmente de ces temps violents où les camps multiples continuent à s’affronter sur le territoire algérien. Le jeune avocat, fervent partisan d’une Algérie indépendante et démocratique, va être amené, malgré lui, à défendre une militante pro-Algérie française.

Dans ce contexte historique dramatique et complexe, Akli Tadjer poursuit, toujours avec finesse et empathie, son analyse des trajectoires individuelles faites d’engagement, de convictions, mais aussi de doutes et, pour certains, d’égarements menant jusqu’à la trahison.

Conseillé par (Libraire)
21 mars 2024

L’action se situe en 2050, donc vingt-et-un an après la révolution de 2029 au cours de laquelle on a assisté au procès de la Justice et, sur les réseaux sociaux, à un plébiscite pour l’auto-défense et la vigilance mutuelle. Cette révolution a conduit à la construction d’un quartier aseptisé, Paxton, où les habitants ont choisi d’habiter des maisons totalement transparentes afin que chacun puisse surveiller ce qui se passe dans la maison du voisin. Sécurité maximale. Zéro criminalité. Un monde parfait, à l’opposé de l’autre quartier, resté traditionnel, où les délinquants continuent à sévir.

Mais le 17 novembre 2049, une famille entière disparaît de son pavillon de Paxton, et personne n’a rien vu…

Ce roman, le troisième de la jeune et talentueuse romancière Lilia Hassaine, est une critique acerbe, et d’une redoutable efficacité, de la société vers laquelle nous tendons : étalage de la vie privée pseudo-transparence sans limite, auto-défense, intolérance, haine de la différence.

Jusqu’où les sociétés modernes sont-elles prêtes à aller au nom de cette recherche utopique d’une sécurité absolue ? Et la liberté dans tout ça, qu’en fait-on ?

Un roman qui peut s’adresser à un large public… et qui incite à la réflexion.

Conseillé par (Libraire)
29 février 2024

« Un soir d’été » : un titre tout simple. Pour une histoire toute simple. Certes triste, tragique même. Mais pas exceptionnelle. Une histoire qui est arrivée. Qui peut toujours arriver, hélas. Qui arrivera encore.

L’auteur n’en fait jamais trop : le style est simple lui aussi. Direct, humble, pourrait-on dire, à l’image des personnages : une bande de jeunes des années 80, qui passent de bonnes vacances à l’île de Ré, heureux d’être ensemble.
Mais au fil des pages, le lecteur découvre petit à petit chacun des acteurs de ce drame estival, leurs qualités, leurs excès, leurs passions, leurs contradictions, leurs failles, leurs secrets ; et s’attache insensiblement à chacun d’entre eux comme à ses propres amis, ou ses propres enfants.

Ce qui fait toute la valeur de ce livre, c’est la tendresse, l’empathie, la sensibilité à fleur de peau, mais aussi la psychologie de Philippe Besson. L’histoire est simple, mais la vie n’est jamais simple. Le rapport à l’autre n’est jamais simple.

Cette complexité, cette fragilité, cette humanité est présente à chaque page, à chaque mot de ce très joli roman.