Violette L.

Conseillé par
9 mars 2023

Une oeuvre touchante

Je vais sans doute me faire fustiger par certains des détracteurs de ce roman, mais je l’ai adoré, bien qu’il ne fasse pas partie du classement de mes livres préférés. Mais je dois avouer que cette lecture m’a profondément marquée ; à vrai dire elle m’a touchée et émue pour plusieurs raisons. La liste de ces raisons est évidemment non-exhaustive mais je vais en citer quelques unes : premièrement, le style du roman. En un sens, le personnage de Holden, de part sa manière de parler crue et directe, m’a vaguement rappelé Meursault dans l’Etranger d’Albert Camus. Donc autant dire que ce roman avait toutes ses chances d’être approuvé par mon sens de lecteur aguerri ! Holden parle, bavarde, mais finalement il ne dit pas grand chose, en tout cas pas grand chose de très profond, tout comme Meursault. Alors qu’on a l’impression de tout savoir sur lui et d’avoir accès à ses plus intimes pensées on se rend compte qu’il n’en ait rien. Le fond de sa pensée n’est pas explicite, car je pense (et je crois que c’est aussi l’intention de l’auteur) que Holden ne connaît pas lui même, vraiment, le fond de sa pensée. Il est paradoxal, car d’un coté il rêve d’indépendance, de liberté, de fête à New York, d’une vie d’adulte, mais en même temps il hait ce monde d’adulte, et est particulièrement nostalgique, notamment lorsqu’il évoque sa petite sœur « la môme Phoebe ». Enfin ce paradoxe n’est-il pas justement au cœur de l’adolescence ? Bien sûr, Holden est un véritable adolescent, livré à lui-même il faut bien le rappeler, qui tente de s’intégrer dans cette société mercantile, fourmillante et en pleine essor et qui en même temps, tente de sauver les enfants, de les empêcher de tomber du haut de la falaise. Et ce point nous emmène à la deuxième raison : la métaphore. Bien que cette oeuvre soit plutôt elliptique de part sa taille et son style, elle n’en est pas pour autant dotée d’une grande diversité de double-sens, de métaphores… de véritables régals ! Et je pense que serait réducteur d’occulter cet aspect de l’œuvre, de ne prendre en compte que la narration, plutôt vulgaire, de notre cher Holden. Si vous écarquiller des yeux à la lecture de ce commentaire, je vous invite à relire certains passages et à y passer un peu plus de temps dans le but d’y déceler un sens caché. Finalement, le dernier point sur lequel je vais m’attarder est évidement le sujet même de l’œuvre qui est l’adolescence. Ce n’est bien sûr pas le seul sujet évoqué, mais celui-là est central. Je trouve que Salinger a réellement bien expliqué le paradoxe de l’adolescence à travers son personnage fictif. L’idée même de ne pas construire une véritable histoire est, je trouve, purement géniale. Il pense en observant, en remarquant, et il y’a toujours dans ce qu’il dit quelque chose pour vous faire rire ou quelque chose pour vous faire pleurer, ou même encore mieux pour vous faire douter. Je reconnais une belle oeuvre à son pouvoir émotionnel et L’attrape-cœur est évidement un de ces chefs-d’œuvre incontestablement émouvant. C’est une lecture incontournable de la littérature américaine, qui est aussi brillante, à mon avis, que Les raisins de la colère de Steinbeck. Mon prof de français en prépa me l’avait conseillé, et je crois qu’aujourd’hui je suis très satisfaite de l’avoir écouté. J’espère vous avoir convaincu et ne pas vous avoir trop spoilé !